C’est venu comme une illumination lors d’une soirée entre amis. Alors que la profession juridique de mon épouse attirait toutes les questions, pas une seule n’a été dédiée à approfondir les énigmes numériques du moment (et il y en a !). La soirée a été de tout plaisir mais une question m’a taraudé :
Est-ce que l’informaticien, dans sa toute profane acception, ne serait pas devenu une sorte de prêtre ?
Question d’un soir
Il ne s’agit pas d’évoquer le rôle d’officiant d’une quelconque liturgie binaire, il y en a tellement, mais bien celui de médiateur entre le monde ordinaire et l’indicible.
Qui, à part d’autres séminaristes, aurait osé questionner un prêtre sur son sacerdoce ?
Qui, à part d’autres informaticiens, ose questionner un informaticien sur son sacerdoce métier ?
L’hermétisme médiéval (du très alchimique Hermès Trismégiste) s’est modernisé en une trinité renouvelée faite de silicium, d’électrons et d’hommes.
Les informaticiens possèdent bien des caractéristiques sociales généralement dévolues aux prêtres.
Réunis en monastères, ils recopient du code et compilent le savoir. Dans la curie numérique, ils racontent des choses incompréhensibles (littéralement « que l’on ne peut saisir ensemble« ).
Ils ne servent à rien au quotidien sauf en cas d’accident grave (plus ou moins volontaire). Auquel cas, chacun espère que la pénitence se résumera à une simple réinstallation sans perte de données. Quant à risquer l’ire d’un sorcier vaudou informatique, il n’y a curieusement guère de candidats.
L’informaticien est le médiateur entre l »homme et l’univers semi-conducteur qui se pare de toujours plus d’attributs divins.
Heureux les abonnés simples d’esprit,
Mathieu 5, 3 (revisité)
la publicité du royaume des cieux est à eux
Sur ce, vous me ferez dix Pater Zuckerberg et quinze Ave Gates.
N’oubliez pas que Liqueur de Toile peut, en toute laïcité, vous accorder une dispense – voire l’absolution – pour vos péchés numériques.